vendredi 5 février 2016

Langue morte... (ou presque)


              

Comme un pébroque qu'on s'ouvre au dessus de la tronche pour éviter de se rincer les tifs, j'ai ressenti le besoin urgent de me remplir les oreilles de quelques  anthologies verbales qui, n'en déplaise aux sombres crétins qui planchent actuellement pour ringardiser notre belle langue, sont l'incomparable démonstration du trésors qui nous a été transmis à chacun sur les banc de l'école.
Je ré-écoute ces tirades magnifiques comme jadis tu roulais ta dernière galoche à ta copine de vacances avant d'aller retrouver ton cartable et la tronche de ta prof principale.
Juste histoire de s'imprégner encore un peu.
Évidemment, les "jeunistes" qui dissertent sur l'opportunité de conserver ou non le "i" de l'oignon, ou le "-" du week-end, vous diront qu'il n'y a pas de quoi chier une pendule à 13 coups, et qu'en apportant ces modifications marginales, les gamins ne feront plus que 87 fautes d’orthographe au lieu de 104 sur un devoir de 4 paragraphes...
Ouais...


Faire entendre à ces pitres que rien n'est établi par hasard dans nos règles orthographiques et grammaticales, et  que le moindre accent, aussi circonflexe soit-il, raconte une partie de l’étymologie du mot qu'il coiffe, c'est comme leur tendre une paire de mocassins à glands et un froc en velours côtelé pour se faire traiter de vieux con périmé.

Bah... Quoi qu'on en dise, l'abêtisation structurelle est en ordre de marche depuis belle lurette, et ses victimes font déjà partie des anciens combattants, alors qu'elles n'ont pas encore atteint la trentaine.
Victimes, car les pauvres n'y sont pour rien. 


Ces cancres malgré eux ont juste été abandonnés par ceux qui sont censés leur enseigner le minimum requis pour leur permettre de gribouiller deux phrases sans sauter à pieds joints sur leur smartphone et le cyber correcteur...



Bref. Inutile donc de s'étrangler en vaines incantations ou en suppliques dérisoires qui pourraient les dissuader de toucher quoi que ce soit à notre français déjà bien assez défiguré par les apôtres de la nov'langue.
Les acrobaties prodigieuses de Michel Audiard et l'immense talent de ces acteurs disparus nous rappellent heureusement combien notre langue est protéiforme, et surtout combien sa complexité lui confère une richesse dont nous devrions nous enorgueillir.  
D'autant plus aujourd'hui qu'elle est la cible d'un torpillage en règle de la part d'une ministre engluée jusqu'au menton dans ses absurdités, et qui n'a rien trouvé de mieux que de la détricoter pour la rapprocher du niveau consternant de ceux qu'elle est incapable d'éduquer correctement.

Il est évidemment plus pratique d'aligner la langue au niveau des cancres, que d'aligner les cancres au niveau de la langue...
 
La vider de sa substance et de ses subtilités est donc un moindre mal à ses yeux, la bouillie verbale des banlieues étant probablement la seule évolution plausible qu'elle prévoit pour nos générations de demain...

Quand on vous dit que les cons ça ose tout, et que c'est même à ça qu'on les reconnait...

Eric.

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