mercredi 3 février 2016

El amigo Melenchon...


A force de le déplorer, on a tous fini par se rendre à cette évidence : la loyauté en politique est une douce plaisanterie que nos élites ont appris à transgresser sur les bancs de l'ENA, et qu'elles transgresseront leur carrière durant.

Il en va de même pour leur éthique personnelle et leurs grands principes, qui sont soumis au même régime à géométrie variable. Les belles valeurs défendues hier en levant le poing, seront foulées au pied le lendemain matin sans le moindre scupule.
Et pour faire passer la pilule, ils sont allé jusqu'à légitimer leurs revirements idéologiques en en faisant une posture politicienne presque vertueuse. La fameuse "real politique" ou "politique décomplexée", ces fameux "néologismes" dont ils usent et abusent jusqu'à l'indigestion pour justifier leurs manques de constance....

Ce pauvre Jean Luc Mélenchon pourra probablement faire partie des personnages emblématiques que les profs de Science-Po du futur inscriront en entête de leurs cours dédiés au déclin progressif du système républicain du 21ème siècle et à l'effondrement de la déontologie politique.

Triste sort.
Quoi que.
Quand on voit avec quel aplomb et quel entrain il est allé manger à la même gamelle que celui qu'il conchie tous les matins en ouvrant les yeux, on comprend  qu'il a depuis longtemps posé son cul de sénateur sur sa bonne conscience marxiste et les fondements prolétariens parmi lesquels il a jadis pataugé.

"Décomplexé" on vous dit...


Pourtant, j'ai du mal à ne voir dans ce personnage que ses contradictions et ses zigzags. Certes il s'en donne à cœur-joie dans cette mare aux canards, mais le moins que l'on puisse dire, c'est que d'autres palmipèdes au plumage bien plus lisse que le sien ne se gênent pas pour lui disputer les nénuphars.
Quand on voit, au sein de cette gauche éparpillée, comment certains s'usent les genoux sous les bureaux des uns pour mieux se glisser sous celui des autres, on ne peut que se dire que J.L.Mélenchon n'a pas le monopole de la petite gâterie opportuniste.
Et ceux qui, à droite, se gargariseraient de ne pas manger de ce couscous, perdraient là une bonne occasion de s'agrafer la langue au palais.

J'ai envie de dire qu'avec Mélenchon, on a au moins l'excuse de ses frasques à répétition, et que ses turpitudes sont tellement "téléphonées" qu'on les attend presque avec gourmandise.
Je suis obligé de reconnaitre que je tends l'oreille dès que sa voix résonne dans un haut-parleur et que sa tronche de tribun exalté apparait sur un écran...
Et pourtant, je ne partage aucune de ses idées, ni n'adhère à un seul de ses principes, et encore moins à ses idéaux libertaires pour chavistes éplorés.
Mais j'écoute.
J'écoute cette espèce de trublion excessif, cette grande-gueule mal embouchée, en lui accordant naïvement les circonstances atténuantes du chien qui aboie à s'en égosiller mais qui ne mordra jamais personne.

Oh bien sûr, on me dira : Mais alors ou est la vraie politique dans tout ça ? Ou sont l'éthique, les valeurs, les idées, la fonction avec un grand "F" ?...
Comme dirait Raul Castro: No sé...

Une chose est sûre, faudra pas aller les chercher dans la besace de Jean Luc Mélenchon. Et d'ailleurs, je ne suis pas certain qu'il ait eu un jour l'intention d'être autre chose qu'un caillou dans les pompes de tous ceux qui prétendent incarner  la politique des lumières.

Alors oui, hier soir "El Amigo" est allé bouffer des ortolans avec tout ce gratin capitaliste qu'il vomit à gorge déployée. Nul doute qu'il n'aura pas été intimidé par les ores du palais, et encore moins par le protocole monarchique et les loufiats qui vont avec. 
Il y a bien longtemps qu'il baigne dans cette débauche aristocratique, et qu'il a appris à ranger sa faucille et son marteau dans sa culotte.
Que voulez-vous, toutes ces années passées au Sénat ont eu raison de ses ardeurs pour la lutte des classes, et la cantine 3 étoiles  du palais du Luxembourg a fini par lui faire oublier le casse-dalle au pâté et le clacos qui pue.

Espérons qu'il aura pu papoter tapas, mojito et dictature avec Raul, et verser larmichette sur le regretté Hugo Chavez, autre pape des droits de l'homme chez qui il avait pris l'habitude d'aller se ressourcer la boite à idéologie, et accessoirement, dépenser les deniers publics de ses congés payés  loin de cette France décadente vendue à la famille Rothschild...

Comme le dit l'ami Pierre sur son blog, ce "transformiste" compulsif ne se prive pourtant pas de donner la leçon à ceux qui, comme lui, se renient au gré du vent. 
"Quand les dégoutés s'en vont, il ne reste que les dégoutants..", disait-il du départ de Taubira, citant les propos d'un démocrate chrétien du siècle dernier. 
Un démocrate chrétien dans la bouche d'un bolchévique...
Fallait oser.
Il l'a fait.  

Quel déconneur ce Jean Luc..

Eric.

  

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