Alors bien sûr, on pourra toujours dire: "Bof, encore une goutte d'eau croupie dans un océan pollué..."
Pas faux...
A
chaque jour son lot de scandales, sa révélation d'extorsion d'argent
public, ou sa démonstration de gaspillages insupportables de la mane
financière que nous alimentons de nos cotisations..
A se demander même si en parler à encore un quelconque intérêt.
En plus, pour le coup, dans cette histoire il n'est pas question de millions dilapidés, mais de.. 5 400 euros.
Oui, 5 400 euros d'argent public.
On
me dira que je pinaille pour pas grand chose, certes. Pourtant,
symboliquement, ces 5 400 balles sont symptomatiques de ce mal français
qui fait de notre pays le cancre international et incontesté de la
gestion financière et de l'équilibre budgétaire...
En effet, 5 400 euros, c'est
le prix TTC de deux simples prises de courant installées sur les murs
d'une salle de conférence du tout nouveau ministère des armées en
construction depuis 2011, et qui n'avaient pas été prévues sur les
plans....
Rassurez-vous,
pas de truc en or massif ou ultra design comme dans les palaces cannois
ou les yatchs saoudiens . Pas de machins high tech non plus, tout
droit sortis des neurones d'un ingénieur surdoué...
Rien de tout ça...
Juste
deux prises en plastique toutes connes, et quelques mètres de fil
électrique tout con, le tout disponible dans n'importe quel
Bricomescouilles posé sur un trottoir.
Sauf que là, on parle d'un chantier pas comme les autres.
Il
s'agit de celui du "Balardgone", le nouveau Ministère de la Défense,
dont la réalisation à été confiée par Nicolas Sarkozy à son ami Martin
Bouygues en 2011. L'équipement de l'édifice étant lui confié à Thales,
dans le cadre d'un partenariat public-privé...
Public-privé
certes, mais avec une clause au contrat que le père Bouygues, qui a
oublié d'être con et sénile, s'est empressé de faire valider le jour de
la signature: l'exclusivité totale et entière sur l'exécution de toute
modification structurelle ou technique la plus modeste soit-elle du
bâtiment...
Et oui. C'est pas parce qu'on s'appelle Martin qu'on réfléchit comme un âne.
Déjà qu'il avait bien négocié l'affaire pépère: 3,5 milliards d'euros pour ce polygone ultramoderne, payable sous forme d'un loyer annuel de 130 millions sur 26 ans et demi, et que nos impôts honoreront rubis sur l'ongle, le doigt sur la couture du pantalon jusqu'au dernier centime.
Et
donc, dans le respect de ce fameux contrat exclusif de maintenance, se
présente sur le bureau de l'état major des armées le devis de nos deux
prises de courant supplémentaires, et dont le libellé est le suivant:
- Pose et fourniture des prises : 1162,28 euros HT.
- Majoration de 27% pour intervention en zone sensible : 402,92 euros.
- Frais de pilotage, coordination et vérification (!!) : 240.00 euros.
- Frais de maintenance préventive du matériel installé : 120,52 euros / an, pendant la durée du loyer, soit 26 ans et 6 mois.
- Total : 5 468,02 euros
Et
au cas où les militaires trouveraient que le concombre irrite un peu en
passant, et qu'un peu de vaseline serait la bienvenue, il est
expressément rappelé au bas du devis que "les prestations correspondent exactement aux exigences contractuelles signées lors de la validation des engagements".
Des
fois qu'un troufion comptable un peu trop zélé prenne l'envie de
conseiller à son homologue de chez Bouygues de rouler cette facture en
pointe et de l'essayer en supositoire...
Une précaution bien
inutile. Tout le monde sait que la pilule passera sans le moindre
problème, que toutes les autres qui se présenteront passeront également,
et que le tout se fera dans un silence comme seule l'armée sait
l'entretenir.
Symptomatique disais-je au début...
D'un
système devenu tellement obèse, tellement gras, tellement goinfre, que
sa graisse est allé se loger dans les moindres recoins, dans les
moindres plis de son corps flasque et difforme.
Une montagne
de cholestérol, de lipides et d'albumine, que ceux qui l'ont engraissé
pendant 5 Républiques, de gauche comme de droite, nous demandent
aujourd'hui d'aider à retrouver la ligne en mettant la main à la poche,
mais qui continuent de laisser l'ogre se gaver comme une oie...
Ou tout simplement les séquelles d'une démocratie qui a coupé des têtes, mais qui n'a jamais vraiment renoncé à sa monarchie...
A vomir...
Éric

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