dimanche 6 mars 2016

Le parti d'en rire...

Dans cette fin de weekend un peu tristounette, je décide d'aller faire un tour de blogroll avant d'aller m'abrutir chez TF1, histoire de voir si l'inspiration qui me fait défaut est plus féconde ailleurs.

Force est de constater que la flemme azertesque qui m'a engourdi les doigts n'a pas affecté tout le monde.
Et plus particulièrement l'excellent Nouratin, qui, fidèle à lui même, s'est fendu d'un texte sur les aventures de Myriam El Khomry en hollandie à se tordre de rire.

Du pur bonheur...

Bonne lecture :

"Un cas d'école.

On rigole bien, non? Franchement, une bande de branquignols comme le Gouvernement Français, vous l’auriez imaginée, vous, même en rêve? Moi, en tout cas ils arrivent toujours à me surprendre ces braves gens à force, comme disait César (celui de Pagnol), de porter toujours plus loin les bornes du couillonnisme afin d’étendre leur domaine. Voyez un peu l’histoire de la « Loi Travail », ci-devant « Loi El Khomry » (belle connerie!), un modèle du genre! Jugez plutôt…
Au Forum de Davos, le gentil plaisir médiatique des Maîtres du Monde, vous avez Petit Caudillo qui dîne à une table bourrées de big-bosses à plusieurs millions la mensualité. Ces mecs lui expliquent en deux coulées gros ce qu’il conviendrait de faire pour rendre la France un peu attractive aux investisseurs étrangers créateurs de richesse et nonobstant d’emplois. En gros simplifier le code du travail, faciliter les licenciements et tout le toutim; les évidences habituelles en somme,  pas le moindre scoop à l’horizon pour vous dire. Seulement voilà, l’altitude, l’ambiance feutrée des palaces Suissagas, la chaleur communicative des banquets de pleins aux as, le Fendant, peut être allez savoir, figurez vous qu’il a ressenti la grosse révélation Vallsounet, tout d’un coup, là comme ça, un peu à la manière de Saint Paul sur le Chemin de Damas (bien avant l’arrivée de l’État Islamique, évidemment): « putain les mecs, fit il, c’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd, vos combines! J’en fais mon affaire, z’allez voir ce que vous allez voir, ça va chier des bulles carrées! »
Et sitôt dit sitôt fait, dès le lendemain matin -enfin vers les quinze heures trente, faut pas déconner- branle bas deux cons bas à Matignon! Quatuor à cordes de jeunes conseillers énarco-hacheucéiens pour mettre en musique la partoche déboulée des montagnes helvétiques, cours de rattrapage d’urgence de la Miss Myriam pressentie pour porter le fétus sur les fonts baptismaux en ayant l’air de savoir de quoi elle parle et -autant que possible- d’y croire en dépit d’une éducation fortement marquée en sens inverse (sans quoi qu’est-ce qu’elle foutrait chez les Socialopes, je vous le demande!). Et hop, à peine le temps de mettre au propre le produit des cogitations matignonnéennes que l’impayable Manolo te nous le balançait dans les salles de rédac tout en précisant gourbi et zobi (oui maintenant on dit comme ça, diversité oblige), un qu’il s’agissait de l’arme absolue anti-chômage et deux que le dispositif en cause n’appellerait pas la moindre négo : à prendre ou à laisser mais gaffe, dans ce dernier cas ce serait le 49.3 sans hésitation aucune, cons se le disent! Allez je fonce! Conseil des Ministres début Mars, passage à l’Assemblée dans la foulée et avant cet été nous voilà prêts pour la grande aventure, c’est y pas formidable, ça, hein?
Alors évidemment, stupeur et balbutiements à gauche! On ne s’y attendait tellement pas qu’on se retrouve un peu anesthésiés sous le choc. La macronnisation du Gouvernement on la sentait bien un peu profond mais bon, tant qu’il ne s’agissait que de faire rouler des autocars et de bosser douze dimanches par ans, on maîtrisait. Seulement là, sacré nom de Marx, comme coup de panard dans la fourmilière ça dépasse tout, on n’arrive même pas à y croire!
En revanche, sur l’autre bord, chez les sales libéro-droito-patronaux on touche pratiquement à l’orgasme! L’émerveillement à ce point-là ça atteint les sommets du plaisir le plus violemment sensuel! Putain les mecs on en a rêvé Vallsounet l’a fait, dites donc, les couilles nous en tombent dans les souliers, on va enfin pouvoir licencier à tour de bras, sans haine et sans crainte, sans s’emmerder surtout, vite et pas cher! Champagne pour tout le monde et vive la Gauche, eux au moins les affaires ils savent de quoi il retourne! On trouvait même un paquet de politicards Ripoublicons pour soutenir carrément le Premier Sinistre comme quoi la loi Khonry on la voterait des deux mains et des deux pieds, voire même de tout ce qu’on a d’autre en double, tellement qu’elle fait plaisir à voir, qu’elle va redresser l’économie et faire repartir l’activité franchouille. Ben oui, forcément, des chars d’assaut de ce calibre c’est pas la Droite qui pourrait envisager d’en fabriquer, en deux temps trois mouvements ça nous foutrait une putain de révolution! Laissons donc le Catalan faire le sale boulot et au besoin refilons lui un coup de paluche, si ça ne lui fait pas de bien, en tout cas ça peut lui faire du mal, on n’aurait pas tout perdu…
Les premiers à se réveiller furent nos amis Syndicalistes. Une fois le moment d’incrédulité passé, on a commencé à les voir rappliquer au renaud : « Dites, les camarades, y a maldonne là! Vous déconnez à pleines tubulures, confondons pas la Gauche avec le Tea-Party c’est pas le même cierge qui coule! Allez, on se calme, on la remet dans sa culotte et on rentre au bercail, gentiment, merde on comprend, tout le monde peut se gourer, ça arrive ces choses là, c’est juste perseverare qui tomberait dans le diabolicum…otez nous d’un doute, Manuel, Myriam, vous nous avez fait le coup du poisson d’Avril en Février, pas vrai, sacrés farceurs, va! »
Oui mais non, pas du tout, il ne déconnait pas le Petit Caudillo, qu’on se le dise! « Moi, mon boulot ça consiste à inverser la courbe, Pépère soi-même il me l’a confié comme ça. Alors j’inverse! Point final! Et les ceusses qui seraient pas contents qu’ils aillent se faire visionner chez les Grecs, y a du boulot là bas pour faire passer les frontières aux Clandestins! Foutez moi la paix, donc, laissez moi bosser et circulez, y a rien à voir! »
Ce sur quoi Culbuto qu’on n’avait guère entendu dans l’histoire, toujours prudent comme un vieux singe passé maître ès art de la grimace, prépare ses valises et fout son camp direction Wallis et Foufouna histoire d’entamer un joli tour du monde bien distrayant avec les copains et les copines. Aux frais de la Répupu, on va pas s’emmerder…
Comme ça commençait tout de même à tirailler sec dans le landerneau gauchiard, la première à vraiment se ressaisir fut la Maire de Lille, la Dame des Trente-Cinq-Heures, comme on disait. Bonne occase! Pépère aux antipodes, empêtré dans les décalages horaires et le jet-lag, le moment idéal pour leur foutre un joli merdier à ces affreux de la Gauche de Droite. Et paf! Une tribune au vitriol dans Le Monde, approuvée comme un seul homme par des tas de pointures dont Con Bandit, retour à l’extrême-gauche, comme au bon vieux temps, et sans frais en plus, vu que sur ce coup là avec un minimum de pif, on capte tout de suite où se trouve le côté du manche. La sortie du brûlot s’effectue dans les meilleurs conditions, retentissement énorme, tout le monde sur le pont, les Syndicats tous d’accord pour une fois, les mouvements étudiants qui s’y mettent et même les manipulateurs de lycéens qui menacent d’envoyer les petits nenfants dans la rue pour y semer terreur et désolation! Bref, la montée en puissance de la Grande Famille enfin unie, tous contre l’abominable traître, l’usurpateur éhonté, le ver dans le fruit, le loup dans la fourmilière et le coup de tatane dans le poulailler. Celui qui doit mourir, en somme, cloué sur la porte monumentale de l’Hôtel de Matignon, histoire de conjurer le mauvais sort…

Et voilà t’y pas, Lundi dernier, Culbuto qui revient à l’Élysée, un peu sonné par sa visite mouvementée au salon de l’agriculture (voir https://nouratinbis.wordpress.com/2016/02/28/air-bouse-one/) et qui tout à coup réalise le pétrin pas possible dans lequel ce connard de Caudillo est en train de lui coller le fromage. « Les Etudiants! Les Lycéens! Comme pour un gouvernement de réacs! Avec le pays bloqué,le bordel arabe et si ça se trouve un piège à cons à la Malik Oussékine! « Non mais ça va pas! Je m’en pisse déjà dessous de trouille moi! Appelez moi ce connard toute affaire cessante et puis aussi la mère Konry, après tout y a pas de raison! Et que ça saute bordel, y a le feu! Comment ça la grosse peut pas? Quoi? Elle trempe dans son bain? Passez la moi, bordel…allo quesse tu fous connasse? Si je te vois pas à ma botte dans le quart d’heure t’es virée, rappelle toi la Fleur de Pellerine…moi quand j’ai les foies je connais plus personne, compris? » A telle enseigne que la malheureuse, on ne sait pas trop dans quelles circonstances mais vingt minutes après elle débarquait… à l’hosto, complètement dans les pommes…accident de baignoire…petit malaise…bon, bref glissons…enfin je veux dire…
En tout cas Vallsounet essuyait derechef la grosse tempête Hollandouillenne…d’autant que commençait déjà à pointer le coup de la pétition : trois cent mille signatures d’entrée de jeu sur internet contre la loi Khonry…Bon d’accord un peu truquée la combine, on peut voter autant de fois qu’on veut pour peu qu’on possède plein d’adresses mail mais tout de même, il a bien senti le coup fourré, Flanby, et puis les sondages pointaient déjà leur sale museau…en gros les trois quarts de l’opinion refusent l’idée même de faciliter les licenciements, sans parler du plafonnement des indemnités prudhommales… Le Franchouille son boulot c’est sacré, nom de Dieu, se faire virer pour un oui ou pour un nom ça le débecte, y veut pas, y refuse tout net! Nein, pas question, ça va pas la tête!
Autrement dit, un piège à nanars de la pire espèce la combine à Manuel : sommé de passer la marche arrière à tout berzingue et le plus platement possible: « arrête les conneries caballero, désamorce illico où je te fous dehors à grands coups de pompe dans le derche! Non mais a t-on idée! Y me fabrique la machine à perdre, le mec, j’y crois pas! Allez, fissa, ducon la tortilla, au micro et sans perdre une seconde, démenti et rétropédalage et démerde toi pour que ça fonctionne sans quoi tu peux préparer les cartons ».

Entre tant leur pétition à la con dépasse très largement le million de signatures et avec la pub ça crèvera très vite tous les plafonds; on va bientôt s’apercevoir qu’avec une combine de ce calibre plus la peine d’organiser des élections, une bonne consultation numérique et on se trouve fixé tout de suite, la démocratie va évoluer, c’est moi qui vous le dit. Alors du coup vous avez ce cher Manuel, la queue entre les pattes, qui vient faire son canossa médiatique: « oui mais non, j’ai jamais dit ça…comment? Le 49.3? Mais jamais de la vie, il ne saurait en être question, pensez vous! Allez on va prendre son temps, pour le Conseil des Ministres on voit d’ici quinze jours et si ça suffit pas on repoussera, pas de problème, on a le temps…vous savez, nous autres la négo on a ça dans le sang, c’est notre ADN la recherche du con sans suce avec les Forces-Vives, vous ne croyiez tout de même pas qu’on passerait en force! On est degôche ou on l’est pas, tout de même! Faut pas déconner! »
Et voilà le travail, exit la loi Konnerie, bienvenue à la Loi Travail celle qui va prévoir…rien du tout vu que les Syndicats tiennent déjà leur victoire…Quant à notre ami Vallsounet, il a le choix entre passer pour un con et rester, ou passer pour un con et partir. Suivant l’importance du bordel auquel nous assisterons les jours qui viennent, il pourra opter pour l’une ou l’autre des solutions…ça va dépendre de la mobilisation  des Lycéens, tout ça: chouette pays, y a pas à dire! Moi je leur conseillerais d’enseigner cette histoire-là à Science-Pot: en matière d’amateurisme politique on a affaire à un cas d’école, pas vrai?
Allez, passez un bon Dimanche et observez bien ce qui va se passer la semaine prochaine, on n’a pas fini de rigoler!
Amitiés à tous.

Et merde pour qui ne me lira pas.
NOURATIN."

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