vendredi 19 février 2016

HLM de Paris: Les goinfres du loyer modéré...

HLM.
Trois lettres qui, de tous temps ont été associées à des mots comme populaire, prolétariat, ouvrier, précarité, etc...
A juste titre.
Un concept qui répond depuis 1894 à une demande qui n'a cessé d'aller crescendo, sanctionnant du même coup 120 ans d'échec relatif de toutes nos gouvernances en matière de pouvoir d'achat et de niveau de vie. 
Éternel constat de toutes ces "rustines" (qu'elles soient d'initiative privée ou publique), crées pour combler les manquements de nos Républiques, qui étaient censées ne pas durer, et qui se sont installées durablement par la force des choses. (Coluche, si tu nous écoutes...)

Il y a quelques années, certains hauts fonctionnaires parisiens se sont ému de la connotation un peu trop.. prolo, de cet alignement de consonnes, et ont donc convenu que le prestige de la Capitale valait bien que l'on rebaptisât l'Office.

Paris Habitat, qu'on allait l'appeler.

Il n'en fallait pas plus à ces éminents cogiteurs pour gommer le coté péjoratif qui collait au baskets des HLM, et du même coup, jeter aux oubliettes les salles affaires de corruption qui lui pendaient au cul depuis 1994.
Le problème, c'est qu'en embourgeoisant le nom qu'ils ont accroché à la façade de l'Office, ils ont embourgeoisé également le petit monde qui s'agitait de l'autre coté du mur.

A commencer par son directeur général, Stephane Dambrine, dont personne ne connait vraiment le salaire (!), détenteur d'un contrat de travail en or massif au bas duquel sa signature côtoie celle d'un certain Bertrand Delanoë, et qui, entre autres privilèges monarchiques, prévoit de lui octroyer 500 000 euros de parachute doré en cas de croche-patte malencontreux.
Mais la bienveillance affichée ne se contente d'un bout de papier paraphé et tamponné.
Soucieuse de son image et de celle de son DG, l'administration lui adjoint pas moins de 7 conseillers en communication, tous très actifs, et aux petits oignons pour l'éclairage public de tout ce petit monde
Si il est impossible de connaitre les revenus exacts de ce brave fonctionnaire (on parle de 14 000 euros/mois), il en revanche aisé de s'en faire une estimation en regardant à l'étage inférieur.
En effet, en dessous de lui gravite une armada de hauts collaborateurs dévoués, tous étiquetés "Directeur" ou "Directeur Général". Ils sont au nombre de 25, et ingurgitent chaque mois entre 6000 et 7000 euros pour les premiers, et entre 9000 et 10 000 euros pour les seconds en salaire net. (pour indication, un ministre = 9200 euros/mois)
Nous passerons rapidement sur les berlines avec chauffeurs mises à disposition des postérieurs délicats de ces cadres de luxe, ainsi que sur les taudis de 5 pièces à loyers modérés que la généreuse administration leur attribue.

Et autour de cette armada, un contingent de 3000 (!!) salariés pour un salaire moyen de 3100 euros/mois X 13, plus une prime d'objectif, une prime de rendement (1000 euros), 7 semaines de congés (+ 1 si les congés sont pris hors vacances scolaires) et 22 jours de RTT/an...
Prestations auxquelles il convient de rajouter la possibilité d'avoir un compte épargne/temps sur lequel on stockera jusqu'à 20 jours. 
Il est prévu également de se faire racheter 7 jours de congé et ses 22 RTT à un prix défiant toute concurrence, et d'en placer le montant sur les comptes de l'Office durant 5 ans au taux d’intérêt pharaonique de 30% (valeur ajoutée par la direction).

Ouf !...
Ça fait du bien quand ça s’arrête, non ?

Publier cet étalage pourrait me valoir l'ire du lecteur encarté CGT ou FO, lequel me ressortira la sempiternelle connerie distillée par tous les sympathisants de gauche sur l'ignominie démagogique qui consiste à opposer le public au privé, et cette xénophobie corporatiste rampante qui stigmatise éhontément le fonctionnaire ou assimilé...
Qu'on se rassure, je survivrais au traumatisme occasionné par ce jugement.

Que cela plaise ou non à ces gaucho-sceptiques, le cas de l'Office Paris Habitat cristallise à lui seul tous les stigmates de cette surcharge pondérale gravissime qui cloue ce pays dans son lit d'hôpital.
Il est symptomatique de cette schizophrénie incroyable qui régit nos bases de fonctionnement, et qui nous ramène invariablement à ce type d'aberration. Cet État empêtré dans ses opulences est absolument incapable de s'emparer des missions qui sont les siennes, sans les barder de trois couches de lard et les farcir de truffes.
Qui peut comprendre qu'un dispositif public, alimenté par de l'argent public et en charge de patrimoine public, puisse s'articuler autour d'un tel bourbier de luxure ? 
L'idée de voir nos cotisations fiscales censées contribuer à nous loger décemment, servir à remplir à raz-bord les mangeoires d'une poignée de roitelets et de nobliaux tous plus arrogants et intouchables les uns que les autres, me galvanise le gros-colomb et en facilite la vidange. 

Ce gouvernement qui avait axé sa campagne sur les économies budgétaires et la simplification administrative, reste là, planté comme un con, sans réaction devant ces gâteaux dégoulinants de leur crème. 
Juste incapable de mettre au pli des services dont il a les commandes, et d’en éjecter les parasites qui se goinfrent jusqu'aux narines d'une fortune qui ne leur appartient pas.

Quant à ce pitre de Jean Christophe Cambadélis qui ose affirmer qu'aucun autre exécutif que celui auquel il appartient n'avait autant réduit les dépenses de l’État, on lui conseillera fortement d'aller faire un tour dans son pays d'origine, histoire de s'y faire voir, et éventuellement d'y rester.

Dire que ce pays crèvera de cette couche de gras est devenu d'une telle banalité que la simple évocation d'une France riche est perçu comme un pléonasme courant.
Dire également qu'un tel constat renforce le dégout d'une population qui n'en peut plus de courber l'échine pour se faire tondre, et notamment pour engraisser une poignée de favorisés, est aussi devenu une banalité.

Alors de là à dire qu'il conviendrait de conditionner ses intentions de votes à un changement radical de ce genre de pratiques déplorables, il y n'y a qu'un pas que je crains d'avoir déjà franchi... 

Eric


           
           

(Source Le Parisien)

2 commentaires :

  1. ETRANGE PASSIVITE DEVANT LES TRAFICS A PARIS HABITAT HLM…
    (suite de la réunion à la MAIRIE DE PARIS du mercredi 16 mars 2016 sur le thème de la Sécurité)

    Lors d’une réunion publique organisée par le maire du XIXème arrondissement François Dagnaud, le 16 mars dernier, dont le thème principal était la sécurité, en présence de l’actuel commissaire de police, de nombreuses amicales et associations de locataires qui constituaient l’essentiel du public ont pu intervenir sur ce sujet délicat et exposer leurs points de vue. L’efficacité et la réactivité des forces de police de cet arrondissement de l’est parisien a été fortement soulignée, tant de la part du maire que des responsables d’amicales représentants les habitants.

    Cependant il est rapidement apparu dans les multiples interventions du public, que quelque chose ne tourne pas rond dans l’attitude des principaux organismes bailleurs et sociétés d’HLM de l’est parisien (75 % du parc immobilier ; RIVP, Immobilère 3F…), et en particuliers de Paris Habitat, premier bailleur du XIXème arrondissement. Des dizaines d’amicales ont en effet interpellé le maire sur l’étrange passivité de Paris-Habitat devant les trafics de drogue : porte d’accès aux immeubles laissées ouvertes nuit et jour, ou non réparées dans certains cas depuis plusieurs années, silence systématique de Paris Habitat sur ses motivations à ne pas procéder à des réparations adéquates sur les grilles d’accès à ses immeubles malgré les divers signalements des habitants et les interventions répétées des forces de police pour interpeller les dealers, trafics dans les cages d’escaliers, caves ou parties communes, absence de gardiennage pourtant inclus dans les charges des locataires…
    Après la réunion, plusieurs représentants de locataires évoquaient à demi-mots le fait que plusieurs responsables de secteurs en place depuis des années semblaient curieusement bloquer tous travaux dans leurs zones, invoquant des motifs plus fallacieux les uns que les autres.

    Le maire de l’arrondissement qui a souligné le véritable fléau sur l’économie de ces trafics de drogue n’a paradoxalement pas su évoqué de pistes pour les éradiquer. Véritable fief dans la ville, déjà épinglé pour son opacité, son taux de rentabilité avoisinant les 15%, les salaires mirobolants de ses cadres dirigeants à faire rêver des ministres, le mastodonte Paris-Habitat semble se gérer en roue libre.

    Le petit journal d’une parisienne
    Aurélie F.

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    1. Édifiant en effet... Mais à peine surprenant. En tout cas, voilà qui confirme des rumeurs qui traînent depuis des années sur les HLM de Paris.

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